Contexte de l’affaire A.C. c. France
Le 16 janvier 2025, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour ne pas avoir assuré une protection suffisante à un mineur non accompagné. Cette affaire, intitulée A.C. c. France (requête n°15457/20), soulève des questions cruciales sur les obligations des États envers les mineurs isolés.
En 2020, un jeune migrant d’origine guinéenne, se présentant comme mineur sans documents officiels, a vu sa minorité remise en cause par les autorités françaises. Après une première prise en charge temporaire par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), un examen médico-légal a estimé son âge supérieur à 18 ans, ce qui a entraîné la fin de son accueil. Cette décision a laissé le requérant sans protection pendant une période critique, notamment au début de la crise sanitaire liée à la COVID-19.
Les obligations positives de la France envers les mineurs non accompagnés
L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme impose aux États des obligations positives pour garantir le respect de la vie privée et familiale, en particulier pour les personnes en situation de grande vulnérabilité, comme les mineurs non accompagnés.
Le principe de la présomption de minorité
Selon la CEDH, les mineurs non accompagnés doivent être présumés mineurs jusqu’à preuve du contraire. La France, bien que disposant d’un cadre juridique prévoyant ce principe, n’a pas réussi à mettre en œuvre des garanties suffisantes pour respecter les droits du requérant.
Les lacunes relevées par la Cour
- Absence d’accès aux résultats d’évaluation médico-légale pour contester efficacement la décision.
- Manque d’informations claires sur les voies et délais de recours.
- Motivations stéréotypées et insuffisamment précises dans les décisions administratives.
La décision de la CEDH
La Cour a conclu que la France avait violé l’article 8 de la Convention en n’offrant pas des garanties procédurales suffisantes au requérant. Elle a souligné que le manque de diligence raisonnable dans l’évaluation de la minorité avait entraîné une atteinte grave à ses droits fondamentaux.
Malgré un cadre juridique prévu pour protéger les mineurs isolés, les autorités françaises n’ont pas agi avec la diligence nécessaire pour garantir la protection du jeune migrant. La France a donc été condamnée à verser une indemnisation de 5 000 euros pour préjudice moral.