Le 28 mars 2025, l’Autorité de la concurrence française a infligé une amende de 150 millions d’euros à Apple. Cette décision fait suite à une enquête approfondie sur le dispositif App Tracking Transparency (ATT) mis en place par Apple en avril 2021. Si cette mesure se voulait protectrice de la vie privée des utilisateurs, elle s’est révélée, selon l’Autorité, discriminatoire et anticoncurrentielle, en particulier pour les éditeurs tiers et les petits acteurs de la publicité numérique.
Cet article présente les motifs de la sanction à l’encontre d’Apple, les impacts juridiques de cette décision et les implications futures pour le marché de la publicité mobile.
Un rappel du contexte : le lancement du dispositif ATT par Apple
Objectif affiché : protéger la vie privée des utilisateurs
Depuis le 26 avril 2021, Apple a introduit l’App Tracking Transparency. Ce dispositif impose aux applications tierces de solliciter l’accord explicite des utilisateurs avant toute collecte de données à des fins publicitaires, notamment via l’Identifier for Advertisers (IDFA).
Une initiative critiquée dès son annonce
Dès 2020, plusieurs associations représentant les acteurs de la publicité numérique ont saisi l’Autorité de la concurrence. Elles dénonçaient une mesure freinant l’accès aux données indispensables au ciblage publicitaire, au détriment de la viabilité économique des éditeurs d’applications.
Motifs de l’amende infligée à Apple par l’Autorité de la concurrence
Une mise en œuvre jugée abusive
L’Autorité reconnaît que la protection des données est un objectif légitime. Toutefois, elle estime que la mise en œuvre du dispositif ATT est abusive, notamment en raison de :
- la complexité excessive du parcours utilisateur sur les applications tierces ;
- l’obligation pour les éditeurs d’utiliser leurs propres solutions de recueil du consentement (CMP), entraînant une superposition de fenêtres perturbatrices.
Une asymétrie de traitement injustifiée
Apple appliquait des règles plus souples à ses propres applications. Contrairement aux éditeurs tiers, elle ne sollicitait pas de double consentement pour ses services internes, créant une distorsion de concurrence.
Un dispositif néfaste pour les petits éditeurs
Les plus petits éditeurs, qui dépendent fortement de la publicité ciblée, ont été particulièrement touchés. Sans accès à des écosystèmes de données propriétaires, ils se sont retrouvés désavantagés face à des géants comme Google ou Meta.