Dans le domaine du droit de la famille, la question de la filiation occupe une place essentielle. Parmi les mécanismes permettant d’établir ou de consolider un lien familial, la possession d’état tient une place particulière. Elle permet de reconnaître, au travers de faits vécus et publics, l’existence d’un lien entre un enfant et la personne qui se comporte comme son parent.
Cet article présente ce qu’est la possession d’état, les conditions de sa reconnaissance, les démarches pour la constater et les conséquences juridiques qui en découlent.
Qu’est-ce que la possession d’état ?
La possession d’état désigne un ensemble de faits concrets, continus et publics qui donnent l’apparence d’un lien familial (ou un lien de filiation) entre une personne et une autre. Prévue à l’article 311-1 du Code civil, elle reflète une relation vécue comme une réalité familiale, même en l’absence de lien biologique prouvé.
La possession d’état permet d’établir ou de renforcer une filiation, tout en assurant la stabilité juridique des liens familiaux.
Quels sont les éléments constitutifs de la possession d’état
Pour être reconnue, la possession d’état repose sur trois critères essentiels : le tractatus, le fama et le nomen. L’article 311-1 du Code civil liste des faits qui peuvent servir à la reconnaissance d’un lien de filiation.
Le tractatus : le comportement mutuel
Il s’agit de la manière dont les personnes concernées se traitent. L’enfant est élevé, éduqué, reconnu et traité comme tel par le parent présumé. En retour, il le considère comme son parent.
Le fama : la reconnaissance sociale
Il s’agit de la manière dont la société et les tiers perçoivent cette relation. La relation est reconnue publiquement : famille, voisins, école, services administratifs agissent comme si la filiation était réelle.
Le nomen : le port du nom
Il s’agit de l’usage du même nom de famille. Ce critère n’est pas indispensable mais renforce la présomption.
Pour être valide, la possession d’état doit être continue, paisible, publique et non équivoque, conformément à l’article 311-2 du Code civil.
Il existe deux voies principales pour constater la possession d’état :
Par un acte de notoriété
Établi par un notaire, l’acte de notoriété repose sur des témoignages (d’au moins trois témoins) et des documents (lettres, messages, photo, documents officiels, etc.) prouvant la réalité du lien.
Par un jugement du tribunal
En cas de difficulté, une action judiciaire peut être intentée pour constater la possession d’état. Cette action est soumise à un délai de prescription de 10 ans à compter de la cessation de la possession ou du décès du parent présumé (article 330 du Code civil).